mercredi 4 novembre 2020

Après la pluie, le beau temps

 


Décidément, il y avait des jours où, tout me revenait en mémoire. De ces jours de pluie, mornes et gris. Où la seule chose que vous pouvait faire c’est penser. Assise sur le rebord de la fenêtre, mes yeux farfouillent dans la chambre et tombent sur le coffret vernis. Celui d’un autre temps, qui contient les images d’un temps dépassé et révolu. Et si, le destin avait tourné autrement. Si, les choses s’étaient passées différemment. Je ne serais peut-être pas là où je suis, faisant ce que je fais.

Honnêtement, je ne sais pas. Je me lève et caresse du bout des doigts le bois vernis. En fait le tour, redessinant les contours de la rose sculptée (rosace gravée) en son centre. J’ouvre la boîte à bijoux se trouvant juste à côté et récupère la chaîne où à son bout, se trouve la clé en argent du coffret.

 

J’attrape le coffret et m’installe dans la pile d’oreiller ornant mon lit. Cela fait bien longtemps, que je ne l’ai pas ouvert. Mais aujourd’hui, j’ai envie d’un retour dans le passé. Est-ce le temps, je ne sais pas. J’insère la clé dans la serrure et tourne doucement celle-ci. Je soulève délicatement le couvercle, puis sort du coffre, trois photos, un écrin de velours noirs, un insigne de bateau et une rose rouge séchée.

 

Je prends la première photo. C’est celle d’un navire de croisière. Je me souviens, à l’époque, j’avais bataillé dure pour pouvoir la faire. Cela faisait des semaines que je rêvais de vacances. J’étais une acharnée du travail, cela n’a pas vraiment changé, mais là, j’avais vraiment eu besoin de vacances. J’ai embarqué pour une semaine de farniente totale, sur un navire quatre étoiles, en tout inclus. Il m’a fallut quelques heures pour m’habituer aux mouvements du bateau. Le troisième jour, nous avions une mer agitée. Je me trouvais vers l’avant du bateau (l’endroit où, quand le bateau bouge, vous êtes au courant), quand une vague de face, me fit perdre l’équilibre. Je fus rattrapée de justesse par un charmant jeune homme d’une trentaine d’année.

 

-          Et bien, vous avez failli voir de très prés le parquet Mademoiselle dit-il en souriant

-          Oui. Et je vous remercie de m’avoir rattrapé au vol dis-je tout en souriant

-          Mais il n’y a pas de quoi. Cela fait longtemps que vous êtes à bord ?

-          Cela fait trois jours. Mais j’avoue que je n’ai pas vraiment le pied marin. Et vous ?

-          Depuis le départ du navire de son port de base.

-          Oh ! Vous êtes un membre d’équipage ?

-          On peut dire cela ! me répondit-il avec un sourire et un regard énigmatique

-          J’en déduis donc que vous avez plus le pied marin que moi et que vous avez dû voir beaucoup de pays.

-          Oui, j’ai cette chance. J’ai quasiment fait le tour du monde à l’heure actuelle.

-          Oserais-je vous demander votre prénom ?

-          Bien sûr, Cassandra et vous ?

-          Jackson

-          Heureuse de faire votre connaissance.

-          Moi de même

 

 Nous avons continués à discuter, jusqu'à ce que nous soyons interrompus par un autre membre du personnel. Et là, je suis tombé des nues. La personne qui venait d’arriver, l’appela Commandant. Comme Commandant de bord du navire. Allez savoir pourquoi, j’ai viré à l’écarlate et lui a éclaté de rire. Avant de partir, il me demanda mon numéro de chambre. Je le lui donné sans savoir ce qu’il voulait en faire. Quand je suis arrivée à ma chambre environ deux heures plus tard, une invitation à manger à la table du Commandant, le soir même s’y trouvait. Le reste de la croisière, il m’a fait visiter une bonne partie du navire. De la cuisine, à la salle des machines, à la passerelle de commandement.

 

Pour mon dernier jour, il m’invita à prendre mon dernier petit déjeuner dans sa cabine avec lui. J’acceptai avec plaisir. Malgré le fait que ma raison me harcèle en me disant que c’était trop tôt, bien trop tôt, mon cœur battait déjà pour Jackson. A la fin du petit déjeuner, celui-ci me dit qu’il avait énormément apprécié les moments qu’on avait passés ensemble et qu’il espérait qu’il en était de même pour moi. Je lui répondis par l’affirmative. Il continua sur sa lancée en me disant qu’il aimerait bien que l’on se revoie une fois qu’il serait rentré de la dernière croisière. Je lui dis que je serais ravie de pouvoir continuer de le voir. Il me sourit et me tendit une petite boîte. Je la pris et l’ouvrit. Dedans, se trouvait un insigne avec les armoiries du navire. Je me levais donc de table en le remerciant pour aller l’embrasser sur la joue. J’allais me redresser quand sa main arrêta mon mouvement. Ses magnifiques yeux verts me demandèrent la permission. J’approuvais et fermais les yeux quand sa bouche se rapprocha de la mienne. Ce fut un baiser tout en douceur. Il me laissa aller à mon rythme. Je  lui ouvris l’accès à ma bouche. Sa langue s’y glissa, titillant délicatement la mienne, m’entraînant dans une danse folle mais tellement excitante.

Je suis descendue du navire, convaincue que mon âme sœur s’y trouvait.

 

Je dépose la photo juste sous l’insigne. Comme vous vous en doutais, Jackson et moi nous sommes revus quelques semaines plus tard. Et nous avons même fait plus que nous revoir.

La deuxième photo, a été prise en extérieur, sur un balcon, un soir d’été. Sur cette photo, Jackson et moi sourions bêtement à l’objectif, tout simplement heureux. Je me souviens de ce moment comme si c’était hier.

 

La journée touchée à sa fin, heureusement d’ailleurs. Malgré que ce fût une excellente, que dis-je une merveilleuse journée. Effectivement, Jackson et moi, venons de fêter nos fiançailles entourées de tous nos amis. Ceux-ci commencent à partir tout en nous remerciant pour cette excellente journée. Au bout d’une heure, il n’y a plus personne et nous sommes tous les deux assis sur le canapé. Jackson se relève, appuie sur le bouton démarrer du tourne-disque et une valse se fait entendre.

 

-          Ma très chère fiancée, m’accorderiez-vous cette danse ? Me demanda t-il en tendant la main

-          J’accepte avec grand plaisir, mon très cher futur époux !

 

Il m’entraîna au milieu du salon où, nous commençons à valser. Je me laisse emporter par la musique. Quand je pose mes yeux dans les siens, je n’y vois que de l’amour et une lueur d’autre chose. Il se penche vers moi et m’embrasse. Je lui offre l’accès à ma bouche avec plaisir. J’approfondis même notre baiser. La musique n’est pas finie, mais il s’en fiche.

 

Il me prend dans ses bras et se dirige dans notre chambre. Ses yeux verts sont assombris par un désir profond. Je n’ai toujours pas quitté ses lèvres, ma main a finit par venir caresser ses cheveux. Il me décroche de son cou et m’allonge délicatement sur le lit. Il se place au dessus de moi et commence à me couvrir de baiser. Il part du haut du cou et descends doucement, tout en défaisant les boutons de ma robe, ses baisers suivent le chemin de ses mains. Une fois arrivée à la ceinture de la robe, il écarte un peu plus le tissu et fait remonter ses mains délicatement puis les redescend. Il laisse des lignes de feu derrière lui. Il s’attaque doucement à la ceinture qu’il défait. Puis, il reprend son attaque de baisers et ses mains continues à défaire les boutons de ma robe. Une fois tous les boutons ouverts, il écarte totalement la robe et me caresse tendrement les cuisses tout en remontant vers le haut de mon bas. Il me le retire tout en couvrant l’intérieur de ma cuisse de baisers. Il recommence la même manœuvre de l’autre côté.

 

 Ensuite, il retire sa chemise et son pantalon. Il se rapproche à nouveau de moi. On se retrouve face à face, je me relève et l’embrasse à pleine bouche. Il en profite pour me retirer ma robe. Mes mains farfouillent dans ses cheveux, puis commencent un doux va et viens dans son dos. Il me rallonge sur le lit, ses mains s’attaquent à mon soutien-gorge. Une fois ma poitrine libre, il recommence à dessiner une ligne de feu mais cette fois-ci avec sa langue. Ma respiration se fait moins régulière, il est littéralement en train de m’allumer comme un brasier. Arrivé à ma petite culotte, il passe les doigts dans l’élastique et je lui donne un coup de main pour me l’enlever. Il recommence son allumage et je commence à avoir chaud. Il revient vers ma bouche et m’embrasse à nouveau. J’en profite qu’il soit à la bonne hauteur pour lui retirer son boxer. Je l’entends grogner et je souris. Il redescend vers ma poitrine et j’ai de nouveau du mal à respirer, allez comprendre. Mais tout cela ne le laisse pas indifférent.

Cette nuit-là, fut la plus belle de toute. Tout en douceur et en délicatesse. Nous avons pris un plaisir immense.

 

Je dépose la photo numéro deux sous l’écrin fermé. La dernière photo représente une gravure. Dessus, il y a un navire tourné vers le crépuscule, accompagné de dauphin. Je caresse la rose rouge séchée du bout des doigts et mon cœur se serre. J’aimerais tellement pouvoir l’oublier. Pouvoir effacer ceci de ma mémoire, mais je ne pourrais jamais, c’est gravé à jamais.

 

C’était un jour de printemps, il faisait beau dehors, les oiseaux commençaient à sortir de leurs nids et à nous envahir de leurs chants. J’étais en train de préparer un gâteau quand, Jackson se penche au dessus de mon épaule et me pique un bout de pâte.

 

-          Ce n’est pas bon de manger la pâte pas cuite !!! Tu vas avoir mal au ventre ! rouspétai-je, en lui tapant sur la main

-          Oui, mais c’est tellement bon mon amour ! me répond t-il en posant un baiser sur ma joue

-          Peut-être, mais c’est indigeste quand même ! Tu pars faire un tour en ULM ?

-          Oui, je serais rentré avant midi.

 

Et il partit en souriant. Jackson avait passé son brevet de pilote et depuis quelques  temps, il pilotait régulièrement. Mais, il n’est jamais rentré. Vers 10h30, j’ai reçu un coup de téléphone de l’aérodrome. Lors de son atterrissage, son pneu avant avait explosé et l’avion s’est retourné, l’éjectant du cockpit. Il venait d’être emmené d’urgence à l’hôpital.

J’ai accouru à l’hôpital. J’ai refusé de quitter sa chambre, le temps qu’il est resté dans le coma. L’opération avait été très lourde, mais on ignorait dans quel état il serait, en sortant du coma.

 

Cela faisait cinq jours. Je ne vivais plus et ne quittais pas sa chambre, sauf pour aller manger.

C’est lors du sixième jour qu’il se réveilla, je fis appeler le médecin. Il se mit à bouger et à essayer de parler. Qu’il essaye de bouger et de parler, était bon signe. Je reprenais espoir, il allait s’en sortir. Jusqu’à ce que tout d’un coup, il n’y eu plus aucun mouvement de sa part. Et là, le bip entêtant de la machine indiquant que son cœur ne bat plus. Je me suis jetée sur lui en larmes pour le réveiller, en le secouant. Les infirmières ont du presque m’arracher de lui. Je n’ai pas voulu sortir de la pièce, je voulais rester pour lui donner une raison de se battre, pour lui, pour nous. Mais son cœur n’est jamais reparti. Je me suis effondrée au bord de son lit, en larmes.

 

Il m’a fallut beaucoup de temps pour m’en remettre. Et je suis rentrée dans un monde bien différent, mais cela est une autre histoire.

 

Les yeux mouillés, je range dans le coffret tous ses souvenirs bons et moins bons. Je referme le coffret, me lève et le repose sur l’étagère. Je range la clé dans la boîte à bijou. Je me retourne vers la fenêtre et dans ce début de soirée, un rayon de soleil traverse les nuages. Comme quoi, certaines fois, le dicton dit vrai « Après la pluie, le beau temps ».

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